Participants & résumés des communications


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Liste des participants, résumés & diaporamas des communications

(par ordre alphabétique)

A / B / C / D / E / F / G / H / I / J / K / L / M / N / O / P / Q / R / S / T / U / V / W / X / Y / Z

 

A

Martine Acerra, Université de Nantes (France)

 

 

Jon Adams, Université de Southampton (Grande-Bretagne)

 

 

La formation en Archéologie maritime : le schéma de la Nautical Archaeology Society (1985-2009) et le Master en science de l’Université de Southampton

 

Au Royaume-Uni, une tradition vieille  d’un siècle veut que l’archéologie terrestre relève d’amateurs ou de passionnés. Ceux-ci ont constitué la plus grande partie des membres actifs de l’équipe de plongée du Mary Rose Trust contribuant aux fouilles entreprises sur cette épave entre 1979 et 1982, supervisées par une équipe d’archéologues sous-marins et leurs assistants à temps plein. Cette approche a ouvert la voie à la mise en place d’une procédure de formation adoptée par les archéologues qui ont aussi aidé à développer le Nautical Archéology Society Training Scheme. Aujourd’hui, plus de 10000 UV ont été enseignées au Royaume-Uni et les cours internationaux ont essaimé sur 30 pays. Le schéma de la NAS, dont nous donnerons les détails, adopte une approche modulaire et est suffisamment flexible pour faire face à des changements régionaux. Ceux qui sont intéressés pour s’impliquer et enseigner dans ce schéma sont invités à consulter le site web (www.nauticalarchaeologysociety.org) ou à prendre contact avec la structure du NAS (nas@nauticalarchaeologysociety.org). Nous détaillerons aussi comment le schéma de la NAS a été utilisé pour  l’entraînement pratique des doctorants en Archéologie maritime de l’Université de Southampton, démontrant l’adaptabilité de la formation depuis les amateurs jusqu’aux professionnels.

 

 

Pascal Arnaud, Université de Nice-Sophia Antipolis / Institut universitaire de France (France)

 

 

Les apports de l’archéologie sous-marine à la recherche en histoire maritime ancienne : limites actuelles et enjeux futurs

 

Cette communication s’attachera à mesurer en quoi l’apport de l’archéologie sous-marine à l’histoire maritime de l’antiquité, qui a été considérable, a fortement biaisé notre représentation de la navigation antique. Elle reflète à l’heure actuelle un tri sélectif de l’information qui provient essentiellement, mais pas seulement, des conditions du naufrage, et des conditions de préservation de chaque gisement particulier. Les grandes questions : d’où venait un navire, où allait-il, où avait-il chargé, où a-t-il été écarté de sa route et/ou abandonné par son équipage demeurent le plus souvent sans réponse. Les données recueillies ne permettent pas toujours d’en faire une idée claire. Celles qui sont accessibles à travers les publications ne le sont pas non plus. En fonction des données que recherche l’historien maritime, on s’intéressera particulièrement à la question de la représentativité des épaves et à celle, cruciale, de l’information archéologique et de la constitution de bases de données.

 

B

Marc-André Bernier, Parcs Canada (Canada)

 

 

La législation canadienne concernant les épaves : vers une nouvelle loi inspirée de la Convention de l’UNESCO

 

Les épaves en eaux canadiennes sont soumises au minimum à deux paliers législatifs. La Loi de la marine marchande fédérale qui s’applique à toutes les épaves dans les eaux navigables ne favorise pas la protection des celles-ci, bien au contraire. Conçue pour protéger les droits des propriétaires des navires naufragés ainsi que les prétentions des sauveteurs, elle a instauré au fil des ans une légitimation du prélèvement non-archéologique des épaves. Les cadres législatifs provinciaux les touchant offrent quant à eux un éventail très varié des types de protection. En 2001, la Loi de la marine marchande a été amendée en vue de protéger les épaves dites patrimoniales et sa réglementation est directement inspirée par la nouvelle Convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine culturel subaquatique. Nous présenterons les développements récents de cette réglementation en fin de rédaction ainsi que la stratégie de mise en application d’un programme national d’épaves patrimoniales sous la responsabilité de l’Agence Parcs Canada.

 

L'achèvement d'un grand projet archéologique : la publication des fouilles de Red Bay

 

Si le travail de terrain d’un projet archéologique de grande envergure demande des efforts et des moyens considérables, l’analyse des données s’avère tout aussi exigeante sans toutefois bénéficier de l’enthousiasme engendré par les fouilles. L’effort de publication de la synthèse des travaux est encore plus ingrat et souffre invariablement d’un essoufflement propre aux projets de longue haleine. Le projet archéologique subaquatique de Red Bay n’a pas fait exception. Les fouilles effectuées par l’Agence Parcs Canada ont eu lieu sur une période de six ans et la publication finale des résultats a vu le jour presque vingt cinq ans plus tard. Cette communication dressera un portrait de la gestation de ce rapport bilingue, ainsi qu’une discussion sur les embûches rencontrées et les stratégies déployées pour assurer l’achèvement du projet d’une génération d’archéologues. 

 

Jim Bruseth, Texas Historical Commission (Etats-Unis)

 

 

L’exemple de La Belle : quand un projet sous-marin devient une fouille terrestre

 

En 1686, l’explorateur français Robert Cavalier, sieur de La Salle perdit son navire, La Belle, pendant une tentative infructueuse pour établir une colonie le long de la Côte du Golfe du Mexique (côte actuelle du Texas). En 1985, la THC a localisé l’épave et entreprit des fouilles entre 1996 et 1997. La fouille s’est effectuée grâce à la construction d’un batardeau, qui a permis de mettre hors d’eau le site du naufrage, le transformant ainsi en fouille terrestre. Plus d’un millions d’objets ont été récupérés, dont 40 % du fond du navire. La palissade étanche a permis au public de visiter le site de fouille et plus de 25 000 visiteurs ont pu se rendre sur le site de La Belle. La fouille a été un des plus grands projet archéologique entrepris au Texas. La phase de conservation du mobilier est toujours en cours douze ans après la remise en eau du site. Les expositions du musée basées sur ce projet ont fait l’objet de plusieurs tournées au Texas pour souligner l’héritage français dans cet État. Cette communication présentera la fouille de l’épave, la conservation des objets remontés et les efforts entrepris pour le financement de chaque étape ainsi que les projets de promotion de ce patrimoine unique.
 

C

Christophe Cérino, Université de Bretagne-Sud (France) 

 

 

Imagerie sous-marine, patrimoine & médiation : une contribution originale au processus de patrimonialisation des épaves métalliques contemporaines


En dépit de la multiplication des reportages audiovisuels sur l’espace sous-marin, la représentation subaquatique des zones côtières reste de nos jours encore difficile pour le plus grand nombre. Confronté à ces problèmes de représentation et d’appropriation du patrimoine immergé contemporain, le Musée sous-marin du Pays de Lorient propose depuis 1999 des médiations culturelles fondées sur l’image. En se dotant d’un espace de visites dans l’ancienne base des sous-marins de Keroman, dont les seules collections constituées, conservées et exposées sont des photographies, des films sous-marins et des reportages audiovisuels sur la mémoire maritime de la Bretagne-sud, il propose une contribution originale au processus de patrimonialisation des épaves métalliques contemporaines. Cette communication, après avoir rappelé les problèmes et les enjeux liés à ce patrimoine particulier, évoquera un premier bilan des méthodes et des résultats obtenus depuis une dizaine d’années.

 

Franca Cibecchini, Ministère de la Culture, DRASSM (Italie / France)  

 

 

L’archéologie sous-marine en Italie et en Espagne, trente ans après Nino Lamboglia

 

Dans les années 1950, l’archéologie sous-marine fait ses premiers pas en Méditerranée occidentale, grâce à la clairvoyance de deux archéologues en particulier : Fernand Benoit et Nino Lamboglia. L’infatigable activité scientifique de ce dernier marquera profondément les premières décennies de la discipline en Italie, en France et en Espagne. Grâce au « professeur Lamboglia », l’Italie détient un rôle de leadership scientifique jusqu’à la fin des années 1960. Les trois pays semblent avancer plus ou moins conjointement dans cette discipline, menant des projets communs et faisant état de leurs recherches à l’occasion des Congrès Internationaux d’Archéologie Sous-Marine, organisés successivement dans chaque pays. Mais, 30 ans après la disparition de Lamboglia, les choses ont profondément changé. La gestion du patrimoine archéologique sous-marin dans les trois pays montre des différences notables, distinguant la France de l’Italie et de l’Espagne. Nous chercherons à tracer dans les grandes lignes ce qui est advenu de l’héritage de Nino Lamboglia en Italie et en Espagne. En nous penchant sur l’organisation actuelle de ces deux pays nous tenterons de souligner ce qui les différencie du fonctionnement français.

 

Sylvain Coindet, Université de Bretagne-Sud (France)

 

 

D

Françoise Dalex, Musée du Quai Branly (France)

 

Alain Decaux, Ministère de la Culture, DRAC de Bretagne (France)

 

 

Denis Degez, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

Stéphane Deschamps, DRAC de Bretagne (France)

 

Christopher Dobbs, Mary-Rose Trust (Grande-Bretagne)

 

 

Le projet Mary Rose et son financement : étude de cas

 

Le coût du projet Mary-Rose entre 1979 et 1982 aurait dû se monter à 2,8 millions de livres. Cependant ce chiffre n’inclut pas la part importante des financements en nature reçus par le projet pendant ces premières années. Cette communication abordera les sources de revenus utilisées pour financer le projet et fera une comparaison du travail des premiers jours avec les fouilles plus récentes entreprises entre 2003 et 2005. Elles ont fait l’objet d’un financement complètement différent, basé sur le principe du « promoteur payeur » comme l’avait planifié le Ministère anglais de la Défense pour draguer une nouvelle route de navigation proche du site du Mary-Rose qui aurait mis en danger des vestiges archéologiques. Cette communication va aussi évoquer les inquiétudes et les projets pour le financement des grands fouilles archéologiques dans le futur. Nous finirons cet exposé par une présentation du Musée consacré au Mary Rose dont l’achèvement est prévu en 2012, en donnant des détails sur la présentation des collections et son financement.
 

Pierre Drap, CNRS (France)

 

 

Les épaves profondes, un enjeu pour l'archéologie sous-marine

 

Depuis plus d'une vingtaine d'années les expériences menées en Méditerranée française sur des épaves profondes par le DRASSM, avec le soutien logistique de divers organismes (notamment l'IFREMER, la COMEX, la SETP, le CNRS et la commission européenne) ont permis de mettre au point des méthodes d'études et d'exploitation de ces gisements qui échappent généralement à la plongée en scaphandre. Recourir à des outils informatiques et automatiser les relevés nous autorisent dans ce cas à utiliser toutes sortes d'outils informatiques (réalité virtuelle et SIG) pour visualiser et interagir avec ces données.

 

E

René Estienne, Service Historique de la Défense (France)

 

 

Vos papiers ! Heurs et malheurs des sources documentaires en archéologie sous marine

 

Les milieux de l’archéologie sous-marine représentent un pourcentage restreint mais particulièrement remarquable du public utilisant les ressources des services d’archives. Le colloque est donc l’occasion de présenter le regard d’un archiviste sur les particularités de ce public et sur l’apport des sources écrites à la documentation des vestiges sous-marins susceptibles d’être patrimonialisés. De l’identification a priori ou a posteriori d’une épave, en passant par la reconstitution des événements, par l’interprétation des vestiges de l’archéologie navale ou par la contextualisation des multiples objets recouvrés, par le souci de mise en valeur des hommes et des acteurs du passé, les investigations les plus diversifiées s’offrent au chercheur. Ces ramifications incluent classiquement l’intégration des acquis de l’analyse, l’éclairage offert par la confrontation des sources aux vestiges matériels, la modification des synthèses et des idées reçues, mais surtout des démarches de recherche aux retombées d’autant plus personnalisées que leur historicisation, voire leur mise en scène commentée, est une des figures imposées de la médiatisation des opérations, indispensable pour obtenir les moyens considérables nécessaires à leur exercice, et une des caractéristiques majeures de leur processus. A partir d’exemples tirés de trente ans d’expérience professionnelle au sein du Service historique de la Marine à Lorient, et maintenant du Service historique de la Défense, on développera une typologie de ces démarches et des sources et outils documentaires susceptibles de pouvoir les satisfaire.

 

F

Dominique Frère, Université de Bretagne-Sud (France)

 

H

Ab Hoving, Rijkmuseum d'Amsterdam (Pays-Bas)

 

 

La construction navale au XVIIe siècle : sources, méthode de recherche et construction des navires

 

Notre intérêt en la matière a été influencé par l’âge d’or de la peinture hollandaise. Les quelques éléments de cette période dont nous conservons une trace peuvent nous informer sur la manière de construire ces fabuleux vaisseaux. L’archéologie nous donne de plus en plus de vestiges (souvent parfaitement conservés) des navires de cette période. Mais avant tout c’est la littérature qui nous apprend comment les vaisseaux étaient construits. Le plus ancien livre sur le sujet (1671) a été écrit par Nicolas Witsen d’Amsterdam. Il y décrit un navire spécifique en tant qu’exemple, le reste de l’ouvrage étant chaotique et illisible. J’ai construit une maquette de ce navire en utilisant ses textes et rééditant l’ouvrage. La construction des maquettes peut être une méthode complémentaire de recherche et peut constituer une aide pour interpréter la source. Un échange peut dès lors se faire entre l’archéologie et cette méthode, qui pose autant de questions qu’elle n’en résout.

 

Laurent Hugo, Musée Dobrée (France)

 

 

Olivia Hulot, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

 

Archéologie sous-marine française : retour sur 30 années d’évolution de la discipline

 

Des premières fouilles professionnelles de la fin des années 1970 à aujourd’hui, l’archéologie sous-marine a connu d’importantes évolutions. Ainsi, chaque nouvelle décennie de fouilles a vu l’émergence de nouveaux savoir-faire, de nouvelles avancées…tant sur les plans humain, technique, scientifique, qu’en matière de conservation-restauration. Du bassin méditerranéen aux rivages ponantais, au fil des découvertes, les problématiques et les méthodologies ont progressivement évolué. Après l’intérêt scientifique exclusif porté à l’Antiquité au début des années 1980, les époques médiévale et moderne se sont peu à peu imposées comme incontournables. Aujourd’hui, après avoir été longtemps totalement délaissées, c’est au tour des épaves contemporaines de faire l’objet d’études scientifiques et historiques. Au-delà de ces évolutions, l’archéologie sous-marine de ce troisième millénaire devra faire face à de nouveaux défis : épaves profondes, épaves d’estran, conservation des épaves métalliques, aménagements des littoraux…

 

J

Marie-Pierre Jezegou, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

 

Le projet d'atlas des biens culturels maritimes du département de l'Hérault : un outil de mutualisation des connaissances

 

Le projet a pour but de réaliser un bilan critique de la documentation réunie en 60 ans de recherches archéologiques sous-marines dans ce département. Il est conçu sous la forme d'un atlas afin de permettre la diffusion de cartes et de plans anciens, de cartes de synthèse, d'une banque d'images venant compléter les bases de données textuelles (notices de sites, bibliographies etc...) Avec le développement des réseaux d'information, les formes de production et de transmission des savoirs sont de plus en plus dépendantes de la puissance et de la vitesse de leur diffusion. Le rôle des outils multimédia (bornes interactives, CD Rom, expositions virtuelles) et des SIG devient prépondérant. Cet atlas à plusieurs niveaux de lecture est destiné à un public hétérogène : grand public, scolaires, étudiants, acteurs de la valorisation du patrimoine et du tourisme culturel, chercheurs.... Enfin, il pourrait également contribuer à l'élaboration d'une démarche prospective en terme de protection du patrimoine submergé.

 

L

Gérard Le Bouëdec, Université de Bretagne-Sud (France)

 

 

Bilan de la recherche en histoire maritime et rapport à l’archéologie sous-marine

 

Lors des différentes réunions du Groupement d’Intérêt Scientifique d’Histoire maritime, nous avons plusieurs fois regretté la sous représentation des chercheurs de la période antique ainsi que le manque de contacts avec nos collègues de l’archéologie sous-marine et des musées. Le GIS va publier tout prochainement dans la Revue d’Histoire maritime un état de la recherche française et internationale, faisant suite au colloque organisé à Lorient en novembre 2007. Présents dans les grandes manifestations scientifiques internationales, et notamment lors du colloque de l’International maritime Economic History Association qui s’est tenu à Londres, en juin 2008, nous avons aujourd’hui le recul nécessaire pour tenter d’établir un lien entre les acquis de la recherche historique et ceux de l’Archéologie sous-marine. Pascal Arnaud interviendra sur les apports de l’archéologie sous-marine pour la recherche en histoire maritime ancienne. Mon intervention concernera la période qui va de la fin du Moyen Age au début du XXe siècle. L’histoire maritime française se distingue plus particulièrement par ses travaux pionniers sur les gens de mer et les sociétés littorales, sur les pêches d’estran et les petites pêches, sur les petits ports et sur le cabotage. La dynamique de la recherche française sur l’histoire navale se maintient également sur la période contemporaine mais à moindre titre sur la période moderne. Alors que le Trade and shipping est un secteur majeur de la recherche anglo-saxonne, le temps des thèses françaises sur les grands ports et le grand commerce de l’époque moderne semble révolu. Plus globalement, la confrontation de la recherche française avec les publications internationales révèle des lacunes sur la période contemporaine. La connaissance sans doute incomplète que j’ai des acquis de la recherche sous-marine m’incline à la prudence. Néanmoins il me semble que ses grands apports se mesurent principalement sur le Trade and shipping et sur les échelles du grand commerce, de la guerre de course et d’escadres, avec une propension à privilégier la période de la marine à voile. Le décrochage est évident entre une recherche sous-marine qui vient enrichir une recherche historique qui fut majeure jusqu’à la fin des années 1980, et une recherche historique féconde qui donne aujourd’hui aux petits ports, aux petites pêches et au cabotage, ainsi qu’aux acteurs des sociétés littorales une place nouvelle. Ce premier diagnostic, sans jugement de valeur, est un préalable à l’échange car l’essentiel c’est la confrontation scientifique. Or celle-ci est de nature à renouveler et à élargir les questionnements. Ainsi lors de du colloque qui s’est tenu à l’université de Bretagne Sud, fin 2008, Pascal Arnaud nous a obligé à nous interroger sur l’arrimage et le conditionnement des marchandises dans les cales, informations que nous offrent les archives mais que nous n’avons pas suffisamment exploitées. A une époque où le champ maritime est surinvesti par les chercheurs de toutes les disciplines, la communauté scientifique des historiens du littoral et du maritime, et des archéologues sous-marins, doit pouvoir montrer que la synergie est féconde et porteuse d’avenir.

 

Jean-Michel Le Boulanger, Université de Bretagne-Sud (France)

 

 

Alain Le Gouguec, France-Inter (France)

 

 

Christian Lemée, Université de Roskilde (Danemark)

 

 

Les fouilles de grande ampleur des épaves du XVIIe- XVIIe s. dans un environnement urbain

 

Les vestiges archéologiques de huit navires et bâtiments (appelés les B&W shipwrecks) ont été découverts dans un ancien port de Grønnegaard à Copenhague et fouillés en 1996 et 1997. Sur les huit navires étudiés, six furent construits entre 1585 et 1640, et cinq étaient représentatifs de la construction dite à « carvel », représentant ainsi une collection unique des différents types de vaisseaux de la Renaissance ayant circulé dans les eaux danoises.
Comme la découverte des navires fut une grande surprise pour les archéologues, des mesures spécifiques ont du être prises pour pouvoir effectuer les fouilles en un temps réduit. Le Département des Antiquités a décidé que ces navires ne feraient pas l’objet d’une conservation. Il était donc nécessaire d’entreprendre des fouilles de sauvetage avec pour idée principale la préservation par la constitution d’une documentation. Pour accélérer la méthode de fouille, une batterie d’instruments fut utilisée pour mesurer les différentes structures des navires. Cette mise en œuvre d’une station totale comme instrument de collecte d’informations est la principale innovation méthodologique caractérisant la fouille de ces épaves. Même si la méthode n’est pas nouvelle, un nouveau concept a été développé et mis en place et donc utilisé pour la documentation. Pour quatre des épaves, une section des coques a été remontée pour donner des informations sur le mode de construction qui n’avait pas pu être étudié durant la fouille intensive du site. Cette riche documentation a été exploitée par une étude doctorale des méthodes de construction de navires des XVIe et XVIIe siècle en vigueur dans L’Europe occidentale. Les épaves B&W ont révélé d’importants éléments sur la connaissance des pratiques de construction navale à la fin de la Renaissance que nous allons présenter au cours de cette communication.

 

Frédéric Leroy, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

Michel l’Hour, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

 

Le patrimoine sous-marin français. Le droit et les devoirs

 

Le regard que l'on porte en France sur les épaves a subi au cours des siècles une double évolution. Celle-ci s'est exercée, d'une part sur la manière d'en appréhender la propriété, d'autre part sur l'intérêt qu'on leur voue. Initialement économique, celui-ci est devenu culturel et archéologique. La législation française en matière de police des épaves maritimes, l’une des plus anciennes et des plus « touffues » du monde, est un reflet fidèle de l’histoire de cette mutation. Se fondant en particulier sur le droit romain, l'Etat français est tout d’abord parvenu, dès le XVIIe siècle, à imposer un système juridique des épaves protégeant en premier lieu les intérêts du propriétaire puis, faute d'identifier celui-ci, celui du pouvoir central. Dans la seconde moitié du XXe siècle, la loi a ensuite et pour la première fois reconnue l'existence d'épaves présentant un caractère archéologique, historique ou artistique.... puis elle a imposé le concept étendu de bien culturel maritime. Cet encadrement juridique a contribué, en 1966, à ce que la France soit le premier pays au monde à se structurer en matière de protection, de valorisation et d’étude du patrimoine immergé. Le Département français des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM), reste aujourd’hui encore l’un des très rares services officiels au monde de cette nature.

 

La mer pour mémoire, réflexion sur la présentation de l’archéologie sous-marine

 

Conçue en 2001, inaugurée en 2005 et présentée jusqu’en 2009 dans huit lieux muséographiques successifs du littoral atlantique français, La mer pour mémoire est une exposition et une synthèse sans précédent sur les recherches archéologiques sous-marines françaises conduites sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique. Elle a permis de confronter les données archéologiques recueillies sur près d’une centaine de sites archéologiques sous-marins et de constituer une base de données riche de 3200 objets qui se révèle un remarquable instrument de gestion et d’analyse des biens culturels maritimes du littoral atlantique français. Les 600 objets sélectionnés pour l’exposition sont présentés dans une scénographie fondée sur la transparence des vitrines, les ambiances liquides et le clair-obscur. Les regroupements fonctionnels et la reconstitution d’espaces de vie à bord y sont privilégiés, afin de présenter les objets dans leur réalité historique et tels que les archéologues sous-marins sont amenés à les découvrir. Le pari initial de cette exposition était risqué, car l’itinérance proposée, pendant quatre ans, à travers trois régions, sept départements et huit lieux d’exposition, exige la manipulation à 16 reprises des objets archéologiques et du dispositif scénographique. Nous nous attacherons dans cette présentation à mettre en avant les objectifs, les moyens techniques et les difficultés de cette exposition hors du commun, tout autant par l’ampleur du dispositif mis en place, que par la nature des objets présentés.

 

Sylviane Llinares, Université de Bretagne-Sud (France)

 

 

Luc Long, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

Les épaves profondes, un enjeu pour l'archéologie sous-marine

 

Depuis plus d'une vingtaine d'années les expériences menées en Méditerranée française sur des épaves profondes par le DRASSM, avec le soutien logistique de divers organismes (notamment l'IFREMER, la COMEX, la SETP, le CNRS et la commission européenne) ont permis de mettre au point des méthodes d'études et d'exploitation de ces gisements qui échappent généralement à la plongée en scaphandre. Recourir à des outils informatiques et automatiser les relevés nous autorisent dans ce cas à utiliser toutes sortes d'outils informatiques (réalité virtuelle et SIG) pour visualiser et interagir avec ces données.

 

M

Paul Mardikan, Clemson University Conservation Center, Warren Lasch Conservation Laboratory (Etats-Unis)

 

 

Le dernier voyage du sous-marin H.L.Hunley (1864)

 

Le 17 février 1864, au cours d’un des épisodes les plus épiques de la guerre civile américaine, le sous-marin à manivelle H.L. Hunley devient le premier submersible de l’histoire à couler un navire ennemi. Grâce à un éperon de 5 mètres de long attaché à sa proue et une charge de poudre noire, l’USS Housatonic est coulé en moins de cinq minutes. Il faut attendre 1914 pour qu’un tel fait de guerre se reproduise et qu’un sous-marin allemand torpille et coule le navire de guerre anglais Pathfinder. Peu après son attaque, le H.L.Hunley et ses huit marins disparaissent sans laisser de traces. En 1995, après des années de recherche, l’épave du H.L. Hunley est enfin localisée par 9 mètres de profondeur à moins quatre nautiques du port de Charleston en Caroline du Sud. En 1997, la décision de renflouer l’épave est prise par les instances officielles. La direction scientifique du projet est alors placée sous la direction du Dr Robert Neyland du Naval Historical Center qui, en 1999, recrute une équipe d’experts internationaux. Les objectifs initiaux sont précis: il s’agit de mettre en place un plan d’action comprenant le montage du laboratoire d’accueil, le renflouement du sous-marin puis sa fouille et conservation à long terme. En août 2000 le sous-marin est renfloué intact puis placé sous protection cathodique dans un bassin d’eau de ville réfrigérée au Warren Lasch Conservation Laboratory. La fouille archéologique s’échelonnera sur plusieurs années et donnera lieu à une collaboration scientifique sans précédent notamment entre les archéologues, les restaurateurs et l’équipe médico-légale. La complexité de l’opération Hunley tient autant à la nature inhabituelle du site archéologique qu’à son extrême vulnérabilité. Cette présentation aura pour principal objectif de mettre en évidence la nécessité de trouver un bon équilibre entre les enjeux scientifiques et les contraintes matérielles, qu’elles soient techniques ou financières.

 

Jean-Bernard Memet, Laboratoire A-CORROS (France)

 

 

La conservation des biens maritimes : traitements et alternatives pour le patrimoine sous-marin

 

Avec l’évolution de l’archéologie sous-marine vers les grandes profondeurs et les épaves métalliques et la découverte croissante de vestiges subaquatiques, la conservation et la restauration du patrimoine culturel subaquatique sont aujourd’hui des vecteurs essentiels de la protection, la valorisation et la transmission vers les générations futures de cet héritage maritime. Fini le temps où l’on sortait des objets et où l’on se demandait ensuite ce qu’on allait en faire, fini le temps où chacun agît dans le strict cadre de sa discipline, aujourd’hui, archéologie, conservation-restauration et musées sont intimement liés à tel point que de plus en plus de programmes visent aujourd’hui à amener le plongeur, le passionné d’histoire ou tout simplement le curieux, au fond de l’eau soit physiquement, soit virtuellement. La préservation in situ des vestiges sous-marins revêt donc aujourd’hui une importance grandissante, d’autant qu’elle aborde aussi bien l’angle de l’incursion de l’homme sous la mer ou, dans le cas des épaves des deux guerres, les notions de développement durable. Cette communication décrira comment la conservation-restauration peut adapter sa réflexion, ses fonctionnements et ses techniques d’une approche de laboratoire à une approche in-situ afin de favoriser ces nouveaux modes de valorisation du patrimoine.

 

Stéphane Millière, Gédéon Programme (France)

 

 

Archéologie sous marine et communication audiovisuelle

 

Les médias sont avides de sujets spectaculaires et faciles à expliquer. Comment conjuguer la complexité de la démarche scientifique, les éléments historiques et culturels en relation avec les vestiges fouillés avec cette volonté simplificatrice des diffuseurs télévisuels ? Quel rôle les scientifiques peuvent occuper dans une production audiovisuelle, et quel contrôle peuvent-ils avoir sur elle ? (type de contrats et droit audiovisuel). Comment optimiser le matériel tourné sur les différents média (internet, news, films documentaires) et en archives documentaires ? La société de production audiovisuelle Gédéon Programmes s’est investie, depuis de longues années, dans le domaine de l’archéologie et des documentaires scientifiques. Cette expérience nous permettra de proposer une réflexion sur les difficultés et les enjeux de la communication audiovisuelle en matière d’archéologie, plus particulièrement sous-marine.

 

N

Paul-Henri Nargeollet, Center for maritime and Underwater Ressource Management (Etats-Unis)

 

 

Recherche et intervention sur les épaves en milieu profond

 

Cette communication se propose d’évoquer l’ensemble des techniques mises en œuvre de nos jours pour les recherches en eaux profondes. Depuis l’utilisation à partir des navires de surface de sonars latéraux, de sondeurs multifaisceaux, de sondeurs pénétrateurs de sédiments, en passant par la mise en œuvre des AUV (Autonomus underwater vehicule) et des robots sous-marins, les progrès technologiques permettent de couvrir des zones étendues de recherche et d’apporter un positionnement précis grâce aux centrales inertielles. Seront également abordées les techniques de vidéogrammétrie et de photogrammétrie, les outils de dégagement telles les désensouilleuses, ainsi que les techniques de préhension de mobilier.

 

P

Alexandre Poudret-Barré, ADRAMAR - Université de Montréal (France / Canada)

 

 

Les épaves de l'estran

 

Familier de la plongée et du milieu sous-marin, l’archéologue spécialiste des navires anciens n’en néglige pas pour autant le cas singulier des épaves trouvées à terre. Inconnu au Levant, le phénomène des marées a en effet créé au Ponant un patrimoine bien particulier : les épaves de l’estran. Menée entre terre et mer, l’analyse de ces épaves souffre des inconvénients cumulés des deux milieux, marin et terrestre. En dépit de cette réelle difficulté, les quelques études architecturales réalisées innovent toutes dans un domaine dans lequel l’archéologie sous-marine reste encore particulièrement discrète, celui des bâtiments de petit tonnage employés au cabotage ou à la pêche côtière. Le recensement systématique des épaves des franges sableuses, leur datation grâce à la dendrochronologie et leur étude méthodique devraient ainsi contribuer, dans les prochaines années, à mieux appréhender certains transports maritimes, encore mal connus, des littoraux de Manche, de l'Atlantique et de la Mer du Nord.

 

Pierrick Pourchasse, Université de Bretagne Occidentale (France)

 

 

Christian Pfister, Université du Littoral (France)

 

 

R

Eric Rieth, Université de Paris I-CNRS (France)

 

 

La formation en France

 

Quarante-trois ans après la création de la DRASM en 1966 et vingt-neuf ans après la création en 1980 du CNRAS, deux organismes du ministère de la Culture rassemblés en1996 pour former le DRASSM, les réponses aux questions de la formation en archéologie sous-marine et subaquatique restent toujours aussi complexes et insatisfaisantes. Dans une première partie, une série de définitions destinées à fixer (ou à tenter de le faire tout au moins) des notions qui recouvrent des contenus souvent très différents sera présentée. Seront ainsi discutées les définitions d’archéologie sous-marine, d’archéologie subaquatique, d’archéologie maritime, d’archéologie nautique, de formation théorique, de formation pratique, d’initiation… Dans une deuxième partie, ce sont les relations entre les divers acteurs de la recherche – au sens le plus large du terme – en archéologie des milieux maritime et fluviaux d’une part et les problèmes de formation et/ou d’initiation à la recherche d’autre part qui seront envisagés. Dans une troisième partie, un essai de bilan de la formation en France sera présenté. La question laissée ouverte en conclusion sera celle de l’adéquation ou de l’inadéquation des réponses actuelles aux problèmes de la formation en archéologie des milieux maritime et fluviaux.

 

S

Thomas Sagory, Ministère de la Culture (France)

 

 

Présentation de la collection électronique « Grands sites archéologiques »

 

La prochaine publication de la collection électronique "Grands sites archéologiques" est actuellement en cours de préparation avec l'équipe du DRASSM. Elle présentera les deux frégates corsaires de la Natière. Comme pour les autres sites de la collection, l'objectif est de valoriser la recherche archéologique sur Internet en utilisant les outils multimédia à notre disposition pour présenter au grand public les résultats des recherches. Cette présentation est l'occasion de présenter quelques études de cas qui illustrent les possibilités de diffusion sur internet. Cette collection est éditée par la mission de la recherche et de la technologie du ministère de la culture et de la communication. Elle compte à ce jour 17 volets sur des périodes et des sites très différents : Saint-Denis à l'époque médiévale, Paris Antique, Lascaux, Lattes, L'archéologie sous-marine et bien d'autres.

 

Damien Sanders, ADRAMAR (France)

 

Tullio Scovazzi, Université de Milan (Italie)

 

 

Le régime international de protection du patrimoine culturel sous-marin

 

Il y a deux modèles principaux de législation nationale concernant la protection du patrimoine culturel sous-marin. D’après le premier, l’Etat est considéré le propriétaire des biens retrouvés et celui qui les a retrouvés a droit à une prime correspondant à un pourcentage de la valeur du bien. D’après le deuxième, celui qui retrouve un bien culturel acquiert des droits réels sur le bien, y compris, dans certains cas, le droit de propriété (exemple de l’admiralty law américain). Malheureusement, l’art. 303, par. 3, de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, au moins selon le texte officiel anglais, ne fait que donner priorité à l’admiralty law et peut être interprété comme une véritable incitation au pillage du patrimoine culturel sous-marin sur la base du critère “premier-arrivé-mieux-servi”. La Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique, adoptée en 2001 dans le cadre de l’UNESCO et récemment entrée en vigueur, constitue aujourd’hui le meilleur remède disponible au régime désastreux découlant de la Convention des Nations Unies susmentionnée.

 

Lars U. Scholl, Musée maritime de Bremerhaven (Allemagne)

 

 

La Kogge au musée de Bremerhaven : éléments essentiels des collections et de l’animation du musée

 

En 1962, l’épave d’une kogge datant de la fin du XIVe siècle fut découverte près de Brémen en Allemagne. Après le sauvetage de cet exemple ultime de la flotte marchante hanséatique, d’autres kogges furent trouvées et identifiées, et plusieurs répliques furent construites. Le navire fut démonté sous l’eau et mis à tremper dans des réservoirs. La kogge fut confiée au Musée maritime de Bremerhaven lors de sa création en 1971. Sa reconstruction, à partir de plus de 2000 morceaux fut un processus de longue durée; sa conservation dura dix-neuf ans. Le navire encore imprégné d’eau fut placé dans un énorme réservoir en acier dans lequel il fut séché. En mai 2000, la kogge fut formellement présentée au monde entier. Malheureusement, le bois fut plus tendre que prévu ce qui entraîna un affaissement de la coque. Aujourd’hui la kogge a repris sa forme d’origine et une gaine en acier permettant d’éviter l’utilisation de n’importe quel genre de support extérieur rendra son exposition à nouveau possible.
 

T

Hélène Tromparent de Seynes, Musée de la Marine (France)

 

 

Le patrimoine archéologique sous-marin : quelles implications pour les musées maritimes ?

 

Le mobilier archéologique sous-marin présente un facteur d’enrichissement indiscutable pour les musées maritimes. Grâce à ce mobilier, de nouvelles perspectives de présentation sont envisageables, et des aspects de la culture maritime jusque là peu présents dans les musées, comme le quotidien à bord, peuvent être aujourd’hui présentés au grand public. L’archéologie peut également permettre d’apporter à l’histoire maritime une forte dimension émotionnelle (à travers par exemple le naufrage de Lapérouse, ou l’histoire du Titanic…) et susciter ainsi l’intérêt du grand public. Mais comment concilier les contraintes de gestion des collections d’un musée à vocation historique avec l’accueil d’un mobilier souvent encombrant, fragile, parfois ingrat et aux spécificités particulières de conservation et de présentation ? A travers le cas du musée national de la Marine, on abordera les contraintes et les atouts principaux que représente l’accueil de ce type de collection dans un musée.

 

V

Philippe Vergain, Ministère de la Culture (France)

 

 

Elisabeth Veyrat, Ministère de la Culture, DRASSM (France)

 

 

La fouille archéologique des épaves de la Natière, à Saint-Malo

 

Découvert en 1995 par des chasseurs sous-marins, le site de la Natière a fait l’objet, de 1999 à 2008, d’un projet d’étude scientifique qui s’est peu à peu imposé comme le plus grand chantier archéologique sous-marin français de ces dix dernières années. Localisé à l’entrée du port de Saint-Malo, par 8 à 18 m de fond, selon les marées, le site de la Natière est composé de deux grandes épaves parallèlement alignées dans une plaine de sable. L’épave Natière 1 a été identifiée comme les vestiges de la frégate royale de 300 tonneaux La Dauphine, construite au Havre en 1703, confiée à un capitaine corsaire et perdue le 11 décembre 1704 alors qu’elle revenait d’une campagne en Atlantique. L’épave Natière 2 a été reconnue comme les vestiges de la frégate de 390 tonneaux L’Aimable Grenot, construite à Granville en 1747, armée en course jusqu’en 1748, puis affectée au commerce de l’Espagne . Elle s’est perdue le 6 mai 1749 alors qu’elle appareillait pour Cadix. Les épaves de la Natière allient tous deux une charpente en chêne conservée, sur leur flanc tribord, depuis la quille jusqu’au pont supportant l’artillerie et une collection archéologique de plus de 3000 objets. L’étude globale du site permet de mieux cerner les méthodes et techniques de construction navale, la manœuvre, l’organisation spatiale et la vie quotidienne des marins à bord de deux frégates françaises de la première moitié du XVIIIe siècle. Les données techniques, financières et humaines du projet de fouille seront également ici discutées, ainsi que sa valorisation auprès du public.

 

La mer pour mémoire, réflexion sur la présentation de l’archéologie sous-marine

 

Conçue en 2001, inaugurée en 2005 et présentée jusqu’en 2009 dans huit lieux muséographiques successifs du littoral atlantique français, La mer pour mémoire est une exposition et une synthèse sans précédent sur les recherches archéologiques sous-marines françaises conduites sur le littoral de la Manche et de l’Atlantique. Elle a permis de confronter les données archéologiques recueillies sur près d’une centaine de sites archéologiques sous-marins et de constituer une base de données riche de 3200 objets qui se révèle un remarquable instrument de gestion et d’analyse des biens culturels maritimes du littoral atlantique français. Les 600 objets sélectionnés pour l’exposition sont présentés dans une scénographie fondée sur la transparence des vitrines, les ambiances liquides et le clair-obscur. Les regroupements fonctionnels et la reconstitution d’espaces de vie à bord y sont privilégiés, afin de présenter les objets dans leur réalité historique et tels que les archéologues sous-marins sont amenés à les découvrir. Le pari initial de cette exposition était risqué, car l’itinérance proposée, pendant quatre ans, à travers trois régions, sept départements et huit lieux d’exposition, exige la manipulation à 16 reprises des objets archéologiques et du dispositif scénographique. Nous nous attacherons dans cette présentation à mettre en avant les objectifs, les moyens techniques et les difficultés de cette exposition hors du commun, tout autant par l’ampleur du dispositif mis en place, que par la nature des objets présentés.